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Fadila Laanan

6 février 2009

Dans le cadre de sa visite au Maroc, du 26 au 31

Dans le cadre de sa visite au Maroc, du 26 au 31 janvier, Fadila Laanan, ministre de la Culture et de l'Audiovisuel au sein du gouvernement de la Communauté française de Belgique, a effectué une série de contacts avec ses homologues et partenaires marocains, dont Touria Jabrane, Khalid Naciri et Ahmed Ghazali. Des entretiens qui porteront, sans aucun doute, leurs fruits, vu la volonté et l'ambition observées des deux côtés, aussi bien marocain que belge.En effet, Fadila Laanan fut très satisfaite de ses multiples rencontres couronnées par plusieurs accords de principe et concertations sur des sujets concernant les départements de la Culture, de l'Audiovisuel, en attendant la signature, les 23 et 24 février, des projets déposés dans le cadre de l'accord mixte de coopération entre le Maroc et la Belgique. Mme Laanan a été, aussi, impressionnée par les missions dévolues à la HACA et la manière dont celle-ci mène son travail, du fait de son indépendance et sa capacité d'octroyer les autorisations aux radios et télévisions. Tout à fait au courant de l'évolution culturelle qui se passe au Maroc et consciente de l'échange qu'il peut y avoir dans le domaine culturel, Mme Fadila a débattu avec la ministre Touria Jabrane de plusieurs projets sur les arts émergeants et ceux de la rue que le Maroc et la Belgique peuvent partager dans le cadre des festivals ou semaines culturelles de part et d'autres.

Mme Fadila Laanan a mis l'accent, dans ses rencontres, sur l'importance de tous les départements ministériels et dont chacun doit être, selon elle, fortement réactif au sein de l'ensemble. «Beaucoup de choses peuvent se faire entre le Maroc et la Belgique dans le domaine culturel, sachant que les deux pays partagent une histoire commune avec une grande communauté marocaine en Belgique. Pour nous, le Maroc est un pays prioritaire et important avec lequel nous avons envie de développer beaucoup de projets et travailler dans l'échange et le partage», souligne la ministre.
Sa politique menée est d'initier les jeunes à l'art, à la culture, à la tolérance, à une série de valeurs qui feront d'eux d'importants adultes dans l'avenir

Le Matin: Dans le cadre de votre visite au Maroc vous avez assisté à la 4ème édition du Festival International de Danse Contemporaine de Marrakech (FIDCM) et plus particulièrement à la présentation du danseur Said Ouadrassi. Quelle est votre impression sur ce festival et que pensez-vous de la prestation de la Wallonie Bruxelles, d'autant plus que vous êtes l'un des partenaires ?

FADILA LAANAN : Je pense d'abord que ce festival de danse contemporaine est une très bonne initiative parce qu'il y a toujours un début à tout. Puis, les festivals sont des moments-clés dans le domaine culturel ou audiovisuel où l'on peut voir beaucoup de choses d'une manière très rapprochée et de faire découvrir une expression artistique. Le fait que la compagnie de Said Ouadrassi soit venue pour participer à ce festival, organisé par les Marocains, est une bonne occasion, d'autant plus que ce jeune danseur est un Belge d'origine marocaine.

Votre visite a été aussi articulée sur plusieurs rendez-vous avec des homologues et partenaires marocains, dont Mme Touria Jabrane, ministre de la Culture. Quels ont été les principaux axes de votre rencontre ?

Je tiens à souligner l'accueil chaleureux que m'a réservée ma collègue Touria. Nous avons, bien sûr, discuté du FIDCM qui est un événement très important. Je crois qu'il faudrait continuer à développer ce type d'initiative et, pourquoi pas, de les partager entre la Belgique et le Maroc. Par ailleurs, nous avons beaucoup parlé de l'accord mixte de coopération qui va être signé dans quelques jours entre la Belgique francophone et le Maroc, en évoquant les projets déposés pour l'instant et qui devront être validés les 23 et 24 février, notamment la formation professionnelle aux métiers de la culture, des projets de formation des bibliothécaires,…. Un autre volet à développer concerne le soutien des politiques culturelles de proximité, c'est-à-dire la décentralisation. Mme Jabrane nous a parlé du projet très intéressant de la Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc que nous pourrons soutenir en effectuant des échanges de savoir-faire et en envoyant des experts belges, comme nous sommes prêts à recevoir des personnes qui pourraient nous apporter d'autres visions culturelles.

Un autre sujet qui me tenait particulièrement à cœur et qui fait l'objet de discussions dans notre gouvernement est celui de proposer que le Maroc soit l'hôte de la Belgique en 2012 pour mener une saison culturelle dans le but de développer un terrain d'échange avec les artistes belges.
J'ai perçu, chez Mme Touria, une grande volonté d'avancer, seulement il va falloir que nous listions quelques actions prioritaires et les faire à fond au lieu de se disperser entre plusieurs projets non finalisés.

Le ministre de la Communication a fait aussi partie de vos contacts. Quelles sont les questions que vous avez pu aborder lors de votre entretien ?

Avec M.Khalid Naciri, nous avons plus parlé de l'Audiovisuel et de la Communication. Nous avons déjà un accord de collaboration cinématographique qui fonctionne et qui a d'ailleurs donné lieu à des films comme « L'Enfant Endormi » de Yasmine Kessari, « Les Larmes d'argent », en cours de tournage. C'est un accord qu'il va falloir dynamiser davantage. Nous avons proposé de l'élargir au documentaire sur lequel le Maroc commence à mettre l'accent avec la création de festivals pour ce genre de production. Un autre projet très sensible est celui de la chaîne multilatérale TV5 où j'ai proposé aux autres partenaires, dont la France, la Belgique, le Québec, la Suisse et le Canada d'ouvrir cette TV à d'autres pays, en envisageant la Roumanie comme pays européen et le Maroc comme pays africain, parce que je pense que ce dernier a développé une politique audiovisuelle assez dynamique, assez forte, assez intéressante et au point dans l'Afrique d'une manière globale. Il pourra donc être partenaire à part entière, participant aussi bien au financement qu'aux décisions.

La HACA a été aussi un point de chute de votre visite au Maroc. Nous aimerions avoir une idée des sujets sur lesquels vous vous êtes entretenus avec M.Ahmed Ghazali ?

Alors là je dois vous dire que c'est un petit cadeau que je me suis offerte, du fait que je suis une ancienne membre du Conseil Supérieur de l'Audiovisuel en Belgique et comme je connais le travail mené par les autorités indépendantes de régulation, je voulais voir comment fonctionnait l'autorité de régulation de la HACA au Maroc. Je peux vous assurer que j'en étais très impressionnée par les missions dévolues à cette autorité et aussi à la manière dont le travail est mené, du fait de son indépendance et sa capacité d'octroyer les autorisations aux Radios et TV comme en Belgique. Je vois qu'avec le monitoring (contrôle en permanence des Radio et TV), les services peuvent être très immédiats si un opérateur ne respecte pas toutes les réglementations.
Donc, c'est une entrevue qui m'a vraiment intéressée et où nous avons partagé nos expériences et connaissances.

Pour vous le dialogue est sacré pour avancer dans le travail. Jusqu'à quel point cela peut être utile dans votre poste de ministre ?

Je crois que quand vous êtes une personnalité politique et vous imposez des choses sans dialogue, vous ne réussirez jamais. Il faut toujours essayer d'arriver à convaincre l'autre et en même temps l'entendre.

Vous avez élaboré une note « Priorité Culture » pour soutenir les artistes et encourager la création. Quelle est sa démarche et quels sont ses fruits concrets sur le terrain ?

C'est une sorte de cahier de route qu'il faut suivre et dans lequel je me suis engagée à mettre en place une série de dispositifs culturels, d'actions, de festivités et de projets qui permettent d'améliorer la vie des artistes, mais aussi de les responsabiliser vis-à-vis de leur travail pour avoir un dialogue permanent avec le public. Cela a permis à un maximum de personnes d'accéder à ces outils culturels, aussi bien en tant que participants que spectateurs. Notre objectif est aussi de collaborer avec les publics défavorisés qui n'ont pas les moyens, sachant que la Belgique est un pays cosmopolite où la culture doit évoluer avec son paysage citoyen.

Vous êtes en même temps ministre de la Culture et de l'audiovisuel. Ce n'est pas beaucoup de travail pour un seul département ?

Oui, c'est vrai et tous les jours je me dis cette phrase, et tous les jours mes enfants disent que je travaille trop. Mais, il faut dire aussi que c'est passionnant de se mettre au service de ceux qui m'ont élue et des responsabilités qu'on m'a données. Dans la vie on n'a rien sans rien.

Vous dites que vous voulez développer une culture de la démocratie. Qu'est-ce que vous voulez dire par cette phrase ?

Je veux dire par là que la culture ne doit pas être brisée ni réprimée, mais elle doit être libre. Il y a beaucoup de choses que je ne comprends pas, que je ne maîtrise pas, que je ne connais pas. Donc, il faut avoir cette ouverture d'esprit pour tolérer des choses qui nous font réfléchir. Cela peut susciter de l'émotion, de la révolte, une remise en question,... La culture ne doit pas avoir de limites ni de tabous mais doit se faire dans le respect de chacun.

Dans votre programme, la jeunesse prend une part très importante.

Pour moi, c'est tout à fait essentiel, parce que je me dis que les jeunes d'aujourd'hui sont les adultes de demain. C'est eux qui vont construire notre monde. Si on construit une société où les jeunes sont exclus, elle sera foutue.

Comment évaluez-vous la participation de la communauté marocaine en Belgique du point de vue culturel ?

Elle est très présente au sein de la culture belge. Elle en fait partie intégrante comme toutes les cultures formant le paysage citoyen de la Belgique. Celui-ci est l'un des premiers pays ayant reconnu la convention de l'UNESCO pour la Diversité Culturelle.

Quelle impression cela vous fait d'être au Maroc, étant donné que vous êtes originaire de ce pays ?

Je me sens chez moi. J'ai été marocaine jusqu'à l'âge de 18 ans. Actuellement, je suis une ministre belge. Quand j'arrive au Maroc je me sens chez moi et demain je partirai chez moi en Belgique. Je n'ai pas de problème d'identité, j'ai de la famille au Maroc, des amis et c'est un plaisir pour moi d'être ici. Quand j'arrive au Maroc, on me dit toujours « mrahba bik fi bladek».


Une femme ambitieuse

Née à Schaerbeek le 29 juillet 1967, Fadila Laanan est originaire de Beni Sidel, village du Rif marocain, près de Nador. Après une enfance à Molenbeek et des études brillantes de Droit, elle s'installe à Anderlecht où elle siège au conseil communal depuis 2000.

Fadila Laanan, qui s'est toujours beaucoup investie dans le tissu associatif local, a commencé sa carrière professionnelle comme conseillère dans des cabinets ministériels chargés de la Culture, avant de travailler au Conseil Supérieur de l'Audiovisuel, puis de devenir chef de département à la Société de développement pour la Région de Bruxelles-Capitale, entre autres.

L'année 2004 marque son élection en tant que ministre de la Culture, de l'audiovisuel et de la Jeunesse, relevant un défi de taille qui est celui de gérer des secteurs partagés, auparavant, entre plusieurs ministres. Une tâche qu'elle assume avec sincérité et dynamisme, lui faisant gagner la confiance de ceux qui vont l'élire encore une fois, en juillet 2007, pour le poste de ministre de la Culture et de l'Audiovisuel.

Ouafaa Bennani
Source: Le Matin
Publié le 03.02.2009 | 10h22

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Fadila Laanan
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